Ung jour s’esmeut à tort et par excès
Ung grand débat et dangereux procès
Des piedz et mains à l’encontre du ventre,
Luy reprochantz que dedans son sac entre
Tout leur labeur, voire du bien autant
Qu’ilz en gaignoient, et n’estoit point content,
Dont à la fin se voulurent distraire
De luy bailler le vivre nécessaire.
Le ventre crie et demande à manger.
Les piedz et mains ne s’y veullent renger :
Par la faim donc qu’il avait endurée
N’estoit possible avoir plus de durée ;
Son sang, ses nerfz, s’en vont affoiblissans,
Et quant et luy les membres perissans.
Lors les deux mains, lasses de tant souffrir,
Boire et manger luy voullurent offrir,
Mais c’est trop tard : car en brief il fina,
Et quant et quant les membres ruyna.
Tout ainsi donc qu’ung membre a son recours
A vaulire membre en demandant secours,
Par mutuelle et tresbonne amytié,
Devons avoir l’ung de l’aultre pitié.
“Des Membres et du Ventre”