Une douce brebis fut traduite en justice ;
Certain chien envers lui la disant débitrice
D’un pain. Comme témoin maître loup est cité.
Cette brebis, dit-il, a du chien emprunté
Non pas un pain, mais dix ; et certes, je m’engage
A prouver que jamais un seul ne fut rendu.
La sentence est conforme à ce faux témoignage ;
Et la brebis, bien entendu,
Sans appel se voit condamnée
A payer au dit chien, et ce, dans la journée,
Ce qu’elle n’avait jamais dû.
A quelques jours de là, s’en allant au pacage,
Elle voit le loup mort sur la terre étendu :
Les dieux, dit-elle, ont pris le soin de ma vengeance,
Et le fourbe a reçu sa juste récompense.
“La Brebis, le Chien et le Loup”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859