Chloé, jeune, jolie, et sur-tout fort coquette,
tous les matins, en se levant,
se mettoit au travail, j’ entends à sa toilette ;
et là, souriant, minaudant,
elle disoit à son cher confident
les peines, les plaisirs, les projets de son âme.
Une abeille étourdie arrive en bourdonnant.
Au secours ! Au secours ! Crie aussitôt la dame :
venez, Lise, Marton, accourez promptement ;
chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment
aux lèvres de Chloé se pose.
Chloé s’ évanouit, et Marton en fureur
saisit l’ abeille et se dispose
à l’ écraser. Hélas ! Lui dit avec douceur
l’ insecte malheureux, pardonnez mon erreur ;
la bouche de Chloé me sembloit une rose,
et j’ ai cru… ce seul mot à Chloé rend ses sens.
Faisons grâce, dit-elle, à son aveu sincère :
d’ ailleurs sa piqure est légère ;
depuis qu’ elle te parle, à peine je la sens.
Que ne fait-on passer avec un peu d’ encens !
“La coquette et l’Abeille”