Djami ou Djamy
Poète Perse et fabuliste moyen-âge – La Fourmi et le Moineau
On lit dans les proverbes des Indiens, qu’une Fourmi employait toutes ses forces à transporter un monceau de terre capable d’effrayer un homme ; un moineau qui passait par là, vit ce corps faible et débile qui se démenait et qui travaillait de tous ses membres ; enfin, elle paraissait bien empressée à transporter la terre. Le Moineau lui adressa la parole. « Pauvre individu, lui dit-il, qu’as-tu entrepris ? Quel est ton dessein ? Dans quel travail t’es tu engagée ? J’avais envie, répondit la Fourmi, de me lier avec quelqu’un de mon espèce ; comme je demandais cette grâce, on m’a répondu : si tu désires de faire notre société, commence par travailler, transporte ce monceau de terre ; aussitôt je me suis mise à l’ouvrage pour remplir les conditions, et je vais toujours en avant — Cette entreprise surpasse tes forces, c’est un arc que ton bras ne pourra pas tendre. Qu’importe, dit la Fourmi, j’ai toujours commencé l’ouvrage ; et j’y donne tous mes soins : et toute mon attention ; si je réussis, j’aurai rempli mon dessein ; si je n’ai pas ce bonheur, au moins je serai excusable. »
Je réussirai par le travail. Il n’y a pas d’homme qui ne doive travailler ; si j’arrive à mon but, je suis délivré des peines et des inquiétudes ; si mes espérances sont frustrées, au moins l’on m’aura obligation de ma bonne volonté, l’on m’excusera. Adieu.
Djami, La Fourmi et le Moineau