Dans l’enceinte d’un parc solitaire et paisible
Où ne pénétrait pas de regard indiscret,
Sur un lit odorant de fougère flexible,
Une jeune fille dormait.
Les zéphyrs caressants sur ses paupières closes
Balançaient des bouquets de roses.
L’Amour qui l’aperçut, la prit entre ses bras
Et l’emporta dans le pays des songes.
Ô le charmant pays ! ô les divins mensonges,
Qui naquirent là sous ses pas !
La jeune fille y vit un amant jeune et tendre,
Tel qu’un cœur bien épris a droit de le prétendre,
Qui lui présentait à genoux
Une corbeille où les bijoux
Étincelaient entre la soie,
Ainsi qu’en un nuage où le soleil se noie.
Elle vit cet amant devenu sou époux
Demeurer aimable et fidèle.
Heureuse d’être aimée, elle était toujours belle,
Et son bonheur durait jusqu’à ses derniers jours.
Ô le charmant pays que le pays des songes
Où l’on voit de si beaux mensonges !
Que n’y peut-on dormir toujours !
“La jeune Fille et l’Amour”