Loqmân avait une petite cabane, étroite comme la caisse d’un luth ou l’embouchure d’un chalumeau.
Un importun lui demanda : «Que signifie cette maison qui a six empans sur trois pas ?
Dans ce monde si vaste et rempli de délices, comment te contentes-tu de cet affreux réduit ? »
Avec un soupir glacé et des yeux pleins de larmes, le vieillard répondit : « C’est encore trop pour qui doit mourir * ! Nous habitons dans une auberge, et je suis un voyageur ; nous demeurons sur un pont, et je suis un passant. »
- SÈNŸ, Hèdiqè , poésies persanes.
*Le personnage dont il va être question s’était-il inspiré de cet incident de la vie de Loqmân, ou bien est-ce une simple coïncidence :
« Un honnête homme s’étant bâti une petite retraite, et voyant qu’on lui reprochait qu’il s’était fait une maison trop petite et trop étroite, peignit sur la porte un nid d’alcyon, qui est si juste au corps de l’oiseau que rien autre n’y saurait entrer, et l’accompagna de ces mots : Relicturo satis (Pour le quitter bientôt il me suffit assez). »
Le P. C. F. Menestrier, Devises des princes ,cavaliers, dames, etc., Paris, 1683, t. II, p. 501. (La maison de Loqman)