Regarde bien, ma chère fille,
Vois là-bas, sur le roseau,
Ce charmant petit oiseau
Qui vient de prendre une chenille
Son plumage est tout bleu,
Comme le manteau d’un ange.
Il se nomme une mésange…
Il part. Attends un peu
Tiens, le voilà qui file
Dans ce tout petit trou
Pas plus large qu’un sou,
C’est là son domicile.
Il a bâti là son nid
Où quinze petits peut-être
Viennent de naître.
Maintenant il les nourrit.
J’ai compté pendant une heure
Les voyages que font,
Père et mère, à la demeure
Où leurs chers petits sont.
Ils portent à chaque voyage
Deux vers au moins, pris aux pommiers,
Aux poiriers, aux abricotiers,
Qu’ils préservent de leur ravage.
A l’heure, ils vont quarante fois ;
Ils travaillent pendant seize heures.
Durant au moins vingt jours du mois.
Trouve journalières meilleures
Que ces chercheurs aux yeux perçants.
Combien de vers ont-ils dû détruire ?
C’est, ma fillette, à toi de nous en instruire.
Tu dis, vingt-cinq mille six cents ?
C’est parfait cela, ma chérie,
Tu plaideras pour eux
Car vois, s’il est fâcheux
Pour le verger, la métairie,
De détruire ces gardiens
Donnés par la Providence,
Et quant à ces petits vauriens,
Sans pitié, pleins d’ignorance,
Qui viennent dans les champs, faire la chasse aux nids,
On doit leur dire en chaque école :
« Enfants, les nids d’oiseaux qu’on vole,
» C’est offense au bon Dieu, c’est dommage au pays. »
“La Mésange”