Un léger papillon , voyant une chandelle
Qui brillait dans l’obscurité,
Mu par la curiosité,
S’approche et voltige autour d’elle.
Il la croit le Soleil, et sa vive chaleur
Dans cette opinion par moments le confirme.
Pour mieux s’en assurer, l’imprudent, ô malheur !
Fond sur le suif bouillant et s’en détache infirme.
Je souffrais de voir ses efforts
Pour se débarrasser de l’épaisse matière;
Pourtant on ne le plaignait guère,
Et chacun lui trouvait des torts.
Ne pouvait-il donc pas voler un peu moins vite , »
Disait l’un? « C’est un sot; il a ce qu’il mérite , »
Ajoutait l’autre. Enfin, le ciel aidant,
Il redevint dispos comme il l’était avant.
Mais , hélas ! en fut-il plus sage?
A peine put-il revoler,
Qu’au foyer tout-à-coup on le vit se brûler.
Pas une voix n’a crié : C’est dommage!
Je ne vous plains pas davantage,
Messieurs les Électeurs , qui, déjà pris dix fois
Aux serments d’hommes corruptibles,
Avez la rage au cœur pour redonner vos voix
A ces êtres incorrigibles !
Mais ce n’est point assez qu’un si stupide appui
Trompe tous vos projets de gloire et de fortune,
Vous travaillez encore à la perte commune :
Au moins le papillon n’a fait de mal qu’à lui.
“La Papillon qui se brûle à la Chandelle”