— Bonne mère, pourquoi vieillir? —
Disait une petite-fille.
A la mine fraîche et gentille ;
— Bonne mère, pourquoi mourir?
Le ciel n’est ni juste ni sage
De détruire ainsi son ouvrage.
Que ne restons-nous à vingt ans?
— Ma fille, si l’année avait le seul printemps,
Nous aurions les fleurs, la verdure,
Mais les fruits nous feraient défaut ;
Donc, après le printemps, il faut
Que l’automne à son tour règne sur la nature.
La vieillesse est l’automne qui nous donne les fruits;
L’expérience, la sagesse
Qui nous manquent dans la jeunesse.
Ce n’est donc point un mal; et puis,
L’arbre dont le destin se borne à cette terre
Renaît tous les printemps au souffle des zéphyrs ;
Mais nous, vers l’infini qu’emportent nos désirs,
Nous renaîtrons dans la céleste sphère.
Si notre corps vieillit, le cœur ne vieillit pas ;
Notre âme survit au trépas;
J’en juge par mon cœur de mère.
Ne pleure pas, enfant ; enfant embrasse-moi ;
Lorsque j’aurai quitté la terre.
Au ciel je t’aimerai, je veillerai sur toi ;
De mes félicités ce sera la plus chère.
Et vous prêchez, athée, autant qu’il vous plaira,
Que tout périt; jamais mère ne vous croira,
Ni l’amant, ni l’époux; lorsque vraiment on aime,
L’amour est immortel; on le sent en soi-même.
“La Petite-fille et sa Grand-mère”