En vérité, je ne vous comprends pas ;
Vous vous perdrez, ma sœur, par votre humeur coquette :
Voilà, de compte fait, depuis que je vous guette,
Vingt amants, tour à tour épris de vos appas,
Dont vous écoutez la fleurette.
Je vois sur votre sein zéphyr et papillon
Cueillir à chaque instant le fruit de leur tendresse ;
Vous les favorisez sans cesse.
Ma sœur, vous devriez vivre d’autre façon :
Savez-vous bien que l’on en cause ?
Ainsi des amours de la rose
Discourait un jour le bouton :
— Frère, votre conseil est bon,
Je vous rends grâces, lui dit-elle :
Mais vous-même aujourd’hui servez-moi de modèle,
Chassez d’auprès de vous l’abeille et le frelon ;
Je pourrai profiter alors de la leçon.
“La Rose et le Bouton“