Une rose vantait sa beauté sans égale.
« Admirez, disait-elle ivre de ses succès,
Mon éclat, ma fraîcheur, le parfum que j’exhale. »
« Mais, dit un lilas, et ces traits
Dont la piqûre est souvent si cruelle… »
« Ils ajoutent à mes attraits,
Interrompit la rose , une grâce nouvelle. »
A ce discours un léger papillon,
Maître passé dans l’art de l’adulation,
Applaudit en battant de l’aile :
Le lilas. sans mot dire, humblement s’inclina.
Bientôt, hélas ! la rose se fana
Et vit tomber sa corolle en ruines,
Son parfum disparut, papillon s’envola :
Il ne resta que les épines.
Belle Clara , dont l’esprit enchanteur
Dans un cercle brillant assure votre empire,
Craignez les jeunes fats qui, d’un ris séducteur,
Entretiennent en vous le goût de la satire.
Les ans viendront, la beauté passera :
Des sots adulateurs l’essaim disparaîtra,
Vous laissant seule en proie à votre noir délire ,
Et vieille , délaissée, il ne vous restera
Que le triste besoin de nuire.
“La Rose et les Epines”
- Théodore Lorin, 18.. – 18..