Dans le temps que le soleil lance sur la terré ses feus les plus ardents ( c’était au mois d’août ) , un papillon voltigeait de fleurs en fleurs, étalant avec grâce ses couleurs brillantes et sa riche parure. Dans ses courses rapides, il rencontre par hasard une abeille, qui cherchait aussi les fleurs, mais par un autre motif. « Madame , lui dit-il d’un ton léger, et tout en voltigeant, vous voilà bien occupée. Que vous êtes bonne de travailler ainsi sans relâche , pour composer ce miel que les hommes vous ravissent sans vous en savoir gré ! Pourquoi tant vous fatiguer en vain? Oh ! Je suis plus heureux moi : je me nourris , comme vous , dn suc des fleurs; je me repose dans le calice des roses, puis je m’élève gaiment dans les airs , mais je ne travaille point. Faites comme moi , vous serez certainement plus heureuse. » L’abeille lui répondit, sans cesser de pomper le suc d’une belle fleur : « Si comme le papillon je ne devais vivre qu’un printemps, je pourrais me donner moins de peine, mais je songe a. l’avenir, je me prépare des provisions pour le temps où les frimais remplacent les fleurs; et, tandis que le papillon périra de misère, je trouverai dans ma ruche de quoi vivre encore long-temps. »
L’Abeille et le Papillon, par Pitre Joyau, de Nantes.