Une abeille, jeune étourdie,
Pour composer un miel parfait,
Se réglait sur sa fantaisie.
Et croyait chaque fleur utile à cet effet.
« Modérez-vous, disait sa mère;
Pourquoi tant de vivacité?
Triez vos fleurs. — Non, non, laissez-moi faire.
Vous verrez ma capacité.»
Lui répliquait la jeune abeille.
Notre indocile, au milieu de l’été,
Vole à sa mère, et dit : « Enfin j’ai fait merveille ;
Venez, voyez, goûtez mon miel,
Il est, comme on n’en trouve guère. »
Elle le goûte : « Hélas ! ma chère,
Vous n’avez produit que du fiel. »
Il est beau d’aimer la lecture.
C’est prendre un honnête plaisir ;
De l’âme elle est la nourriture,
Mais on ne peut trop la choisir.
“L’Abeille et sa Fille”