Ce monde est un champ vaste où croissent pêle-mêle
Et l’herbe qui peut nuire, et celle qui guérit,
Le baume salutaire et la plante mortelle :
La sottise confond, mais le bon sens choisit.
Une abeille active et volage.
Allant, venant dans un jardin,
De tout composait son butin ;
Chaque fleur avait son hommage.
Perrette la prit sur le fait.
Perrette était la jardinière.
« Prends donc garde, abeille légère ;
Réprime ton vol indiscret,
Dit-elle, tout n’est pas œillet,
Tout n’est pas lis dans un parterre.
En multipliant tes larcins,
Tu peux, tu dois même te nuire.
L’éclat qui paraît te séduire
Cache souvent d’affreux venins. »
— « Il est vrai, dit l’insecte agile ;
Mais grand merci de tes leçons.
Je sais, à travers les poisons,
Chercher la fleur qui m’est utile. »
“L’Abeille”