Étienne Fumars
Poète et fabuliste XVIIIº – L’Agneau
Le superbe animal ! Ô mon Dieu ! qu’il est beau !
Et comme il est paré ! disait un jeune agneau :
Sous un si bel habit il sera bon, sans doute.
L’animal qui naguère a mis tout en déroute
Notre petit troupeau,
Qui me mangea mon frère,
Et mon père et ma mère,
Et m’a forcé de fuir loin de notre hameau,
N’avait qu’une robe grossière :
Celui-ci va d’abord me tirer d’embarras,
Et m’indiquer notre chaumière ;
Et s’il ne la connaissait pas,
A moi, pauvre orphelin, il servira de père.
L’innocent plein d’espoir double aussitôt le pas…
Ce superbe animal, c’était un tigre, hélas !
Étienne Fumars, L’Agneau