Jean-Jacques Porchat-Bressenel
Faut-il,dit l’aigle,un jour,en planant dans les cieux,
Qu’un oiseau tel que moi, l’honneur de la nature,
Le ministre du roi des dieux,
Se jette en vil corbeau sur sa faible pâture;
Un animal périr sous mes ongles divins!
Non,ne profanons plus leur sacré ministère;
Ils portent les carreaux qui font trembler la terre,
D’autres auront l’emploi d’apprêter mes festins.
A moi milans !Auprès du sire,
Eux d’accourir soudain,et l’oiseau de leur dire:
Le travail me fatigue; allez chasser pour moi;
A vous le soin de ma cuisine,
Qu’elle soit digne en tout d’un roi;
Sinon, des cuisiniers j’avertis que je dîne.
On le quitte à ces mots; et tremblant de frayeur,
Chacun d’abord se montre assidu pourvoyeur;
Mais engourdi par la mollesse,
L’aigle devint pesant, perclus.
Adieu tous les chasseurs:on ne le craignait plus;
Et bientôt dans son aire il mourut de détresse.
“L’Aigle et les Milans”