Daniel Allemand
Fabuliste contemporain – L’aigle, la pie et le fou
Face à la mer un fou à pieds bleus vit la pie
Qui prise de dépit
S’en allait se noyer.
Surveillant les eaux un balbuzard tournoyait
Et vit donc le manège
De l’oiseau sacrilège
Qui aimait sans le dire
Ce beau fou à mourir
Pour qui la jacassante idiote offrait son gage.
L’aigle dont le silence est armure du sage
En ces mots le rompit
S’adressant à la pie :
« Eros est au cœur, ce qu’Eole est à la mer
L’amour est tempête mais bonheur est le calme
Evitez ce naufrage amer ! »
Grands rires du bi-palme
Grand mutisme de la bavarde.
Le fou en rajouta : « Ô ma belle vantarde
Si le temps où l’on réfléchit
N’arrive que trop tard
Que votre mine réfléchit
Dans le miroir de l’eau
Vous dise qu’un canard
N’épouse pas corbeau.
Mais la pie se noya
Car elle n’écouta
Ni semonce du sage
Pas plus que chant du fou.
Il n’y a point de garde-fous
Ni vraiment de message
Par manque de choix qui oscille
Lorsque l’on déraisonne.
Seul l’incorrigible imbécile
N’écoutera personne.
Daniel Allemand
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