Mère Alouette un jour disait à ses petits :
Nous sommes entourés d’un monde d’ennemis :
Craignons tout de leur force ou de leur perfidie.
L’Autour menace notre vie,
Et I’Oiseleur en veut à notre liberté.
Croyez-moi, mes enfans, pour plus de sûreté,
Demeurez sous le chaume, auprès de votre mère.
Si vous quittez votre berceau,
Vous trouverez peut-être… Ainsi que votre père…
Ou la prison, ou le tombeau.
Ce discours bien sensé fut trouvé bien frivole ;
Les petits étaient grands :
Oh ! maman devient folle,
Elle radote, au moins, et sa morale endort.
Elle a pour les dangers des ressources nouvelles.
Il faudrait s’enterrer pour éviter la mort ;
Ce ferait pour ramper que l’on aurait des ailes.
Et puis de fendre l’air au gré de leur ardeur ;
L’un prend un vol errant, l’autre un essor sublime ;
L’un de l’Autour est la victime,
L’autre esclave de l’Oiseleur.
Malgré les cris perçans de leur mère éperdue,
L’un se perd dans les bois, et l’autre dans la nue.
“L’Alouette et ses Petits par Boisard”