Un beau cheval fringant et pomponné,
D’un pauvre Aliboron avait frappé la vue ;
A l’écurie, aux champs, ou dans la rue,
Il revoyait toujours l’animal fortuné,
Et toujours enviait son bonheur et sa gloire.
Au bout de quelque temps, à peine il veut le croire ;
Il le retrouve, hélas ! sec, fourbu, décharné,
N’ayant plus d’or à sa gourmette,
Ni housse sur le dos, et tirant la charrette.
« La peste ! quel revers, dit notre âne étonné !
Il n’est donc point de bonheur sans mélange !
Allons, je me le tiens pour dit :
Puisqu’ainsi la fortune change,
Je vois qu’il faut m’en tenir à l’esprit. »
“L’Âne et le Cheval”