Un âne, accompagné d’un chien, portait du pain au marché dans un panier : le maître les suivait : passant clans un pré, le dernier s’endormit, et le baudet commença à brouter. Ami, dit le chien, je n’ai pas dîné aujourd’hui, et l’herbe n’est pas ma nourriture : baisse-toi un peu ; je prendrai un petit pain dans ton panier. L’âne ne fit point de réponse ; j’en suis surpris, il est pourtant bonne créature. Miraut recommence; Grison, sans perdre un coup de dent, fait encore la sourde oreille : enfin pressé par les importunités du chien, il lui dit: Je te conseille d’attendre : notre maître ne tardera pas à s’éveiller, et il ne manquera pas de te donner ton dîner. Sur ces entrefaites, un loup affamé sort d’un bois voisin. Cher ami, défends-moi, dit Grison. Camarade, répliqua Miraut, je te conseille d’attendre que notre maître soit réveillé, il ne tardera pas ; là-dessus le chien s’enfuit, et le loup étrangla le baudet.
Il faut s’aider les uns les autres. Celui qui refuse de rendre service, quand il le peut, s’expose à être refusé, quand il se trouve lui-même dans le besoin.
“L’Ane et le Chien”