Un homme, ayant mis une statue de dieu sur le dos d’un âne, le conduisait à la ville. Comme les passants se prosternaient devant la statue, l’âne, s’imaginant que c’était lui qu’on adorait, ne se tint plus d’orgueil; il se mit à braire et il refusa d’avancer. L’ânier, devinant sa pensée, lui dit en le frappant de son gourdin : « Pauvre cervelle ! il ne manquait plus que cela, de voir un âne adoré des hommes. »
Cette fable montre que ceux qui font vanité des avantages d’autrui prêtent à rire à ceux qui les connaissent.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’ Ane portant des reliques
Un baudet chargé de reliques
S’imagina qu’on l’adorait :
Dans ce penser il se carrait,
Recevant comme siens l’encens et les cantiques.
Quelqu’un vit l’erreur, et lui dit :
«Maître baudet, ôtez-vous de l’esprit
Une vanité si folle.
Ce n’est pas vous, c’est l’idole,
A qui cet honneur se rend,
Et que la gloire en est due.»
D’un magistrat ignorant
C’est la robe qu’on salue.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)