Un Avare, une fois, hérita d’un Cheval
Renforcé, double et gras, propre à plus d’un service.
C’est cent écus, dit-il, en voyant l’animal.
Vendons-le. Malheureux ! Peut-on compter si mal ?
Non, donnons-lui de l’exercice.
De cent écus bientôt j’aurai le bénéfice,
Et qui plus est le capital.
J’aurais fait un beau coup de tête
De vendre tout d’abord une si bonne bête.
C’était, ne mâchons pas le mot,
Jeter son bien par la fenêtre.
Appliquons-nous ici plutôt
A tirer deux produits : Ce sont-là coups de maître.
Ce parti pris, voilà le Cheval chaque jour,
Qui laboure, qui tire et porte tour-à-tour,
Au char, au bat, à la charrue,
Aujourd’hui dans les champs et demain dans la rue.
Mais pour de l’avoine et du foin.
Point :
Ou tout au plus si peu qu’en vaudrait une obole.
Le Cheval mangeait-il ? On le pille, on le vole,
On le ruine : enfin la bête, sur les dents,
Ne peut plus fournir de service.
Un jour, en un bourbier il tombe et meurt dedans.
Des deux fois cent écus adieu le bénéfice.
C’est où nous conduit l’Avarice.
“L’Avare héritier d’un Cheval”