François-Séraphin Régnier-Desmarais
Au mois de mai, c’est le mois des beaux jours,
Celui des fleurs et des tendres amours,
Certain berger, le long d’une prairie
Que la saison rendait toute fleurie,
Cueillait des fleurs; pourquoi? pour son plaisir,
Peut-être aussi que c’était pour en faire
Une guirlande au gré de son désir,
Pour quelque jeune et charmante bergère;
Car il prenait grand soin de bien choisir.
Quoiqu’il en soit, la moisson était belle;
A la prairie elle parut nouvelle ;
Elle en aima les brillantes couleurs;
Et sa surprise en la voyant fut telle,
Que, sans songer que tout cela vînt d’elle.
— Où prenez-vous, dit-elle, tant de fleurs ?
Demander où je puis prendre
Tout ce que je vous écris
De fin, de nouveau, d’exquis,
De délicat et de tendre,
Iris, c’est m’interroger,
Comme autrefois la prairie,
Sur la récolte fleurie,
Interrogeait le berger.
“Le Berger et la Prairie”