Colin, jeune pasteur, au son d’une musette
Gouvernait assez bien son docile troupeau.
Sitôt qu’il fredonnait, bélier, brebis, agneau
Venaient l’écouter sur l’herbette.
Colin, pour son malheur, parmi l’épais gazon,
Trouve un beau jour un cor de chasse.
Il saute de plaisir, se baisse, le ramasse,
Et puis vous sonne une chanson.
Son Troupeau, de frayeur, prend aussitôt la fuite ;
Plus il soufflait dans l’instrument
Et plus les moutons couraient vite.
Colin désespéré les appelle en criant,
Les sommes de venir ; c’était peine inutile.
A sa musette il songe alors ;
Il la prend sans tarder ; et le joueur habile
En tire de si doux accords,
Que la troupe à l’instant s’arrête,
Dressant l’oreille de plaisir.
Puis on les voit chacun, joyeux, branlant la tête,
Auprès du Berger accourir.
Ah ! Dit Colin, que Dieu confonde
Cet effroyable cor, instrument de terreur !
Je le vois bien, pour plaire aux brebis, comme au monde,
Moins vaut le bruit que la douceur.
“Le Berger et son Troupeau”