Un jour, sur leur chemin, deux hommes rencontrèrent
Un objet qu’ils se disputèrent.
« C’est à moi ! — C’est à moi ! — Je te dis que tu mens ! —
» Menteur toi-même ! — Eh bien ! Voleur, si tu le prends ! »
A ce mot de voleur, les coups de poings volèrent,
Si terribles, si drus, que la terre en trembla,
Et que pendant longtemps l’Angleterre en parla,
Comme d’une chose inouïe
Dans les fastes du pugilat.
Cependant, mes Héros, la figure noircie
De poussière et de coups, suspendent le combat :
» Que faisons-nous, dit l’un ? Quelle est notre folie ?
» Avons-nous donc juré de nous exterminer ?
» Ne vaut-il pas mieux nous entendre
» En bons amis, et chacun prendre
« La moitié de l’aubaine ? Allons, sans chicaner,
» Jusques à la prochaine ville,
» Et par un Joaillier habile,
» Faisons calculer le montant
» De cette pierre transparente,
» Qui n’est rien moins qu’un diamant,
» Dont nous retirerons une assez belle rente…
« A nous, désormais, les honneurs !
» Nous voilà tout d’un coup devenus grands Seigneurs ! »
Il faut en convenir, c’était un joli rêve ;
Mais il ne fut pas long ; leur voyage s’achève ;
Les voilà, tout joyeux, chez l’Orfèvre. — « Combien,
» Monsieur, vaut ce Bijou ? — L’autre de rire. — Eh bien ?
» — Rien.—Comment rien ! — Holà ! Messieurs, point de colère,
» Votre Bijou n’est que du verre .»
On l’a dit avant moi ; je le répète encor ;
Tout ce qui brille n’est pas or.
“Le Bijou”