Place, place, Messieurs ; c’est le Bœuf-Gras qui passe,
Il marchait triomphant et fier comme un pouvoir
Escorté de la populace,
Et chacun se rangeait. C’était plaisir à voir !
Le front ceint de feston, un brocart magnifique
Sur ses flancs retombait, tandis que la musique,
Au haut d’un char roulant accompagnait ses pas.
Vous eussiez dit l’Apis antique
Qu’on promenait dans ses États,
Il s’en allait de rue en rue,
Longeait les boulevards, arpentait tout Paris ;
Et lorsqu’il eut deux jours amusé la cohue,
On l’enferma dans son logis.
Là, le quadrupède superbe
Se vit déshabillé, privé des beaux tissus
Qui faisaient son orgueil. On lui donna de l’herbe ;
Puis on le dépeça, puis on n’en parla plus.
Combien n’a-t-on pas vu de ces gens de parade
Qui, comme lui, du peuple applaudis et choyés,
Ont joué parmi nous la même mascarade,
Et que deux jours après on avait oubliés !
” Le Boeuf-gras “