Un Cerf, à la faveur d’une Vigne fort haute
Et telle qu’on en voit en de certains climats,
S’étant mis à couvert et sauvé du trépas.
Les Veneurs pour ce coup croyaient leurs chiens en faute.
Ils les rappellent donc. Le Cerf hors de danger
Broute sa bienfaitrice, ingratitude extrême !
On l’entend, on retourne, on le fait déloger,
Il vient mourir en ce lieu même.
J’ai mérité, dit-il, ce juste châtiment :
Profitez-en, ingrats. Il tombe en ce moment.
La Meute en fait curée. Il lui fut inutile
De pleurer aux Veneurs à sa mort arrivés.
Vraie image de ceux qui profanent l’asile
Qui les a conservés.
Analyses de Chamfort – 1796.
V. 2. . . En de certains climats. En Italie, par exemple , où l’on marie la vigne à l’ormeau, au tilleul, etc.
V. 6. Broute sa bienfaitrice. . . Est une expression hardie , mais amenée si naturellement, qu’on ne songe point à cette hardiesse. (Le Cerf et la Vigne)
Commentaires de MNS Guillon – 1803.
Par respect pour les commentateurs, nous avons réuni sous une même indication, les fables analogues à ce sujet, et celles qui se rapportent à la fable 9 du livre VI ( le cerf se voyant dans l’eau ).
(1) Et telle qu’on en voit en de certains climats. Par exemple dans l’Italie, où elle n’est point rampante, ni soutenue par de foibles échalas, mais où, comme dit Virgile dans son élégant Tra ducteur ,
Ses robustes rameaux Par des nœuds redoublés embrassent les ormeaux. (Le Cerf et la Vigne)
( Georg. Liv. III. p. 169. )