Le roi Guillaume avait jadis un chat
Fort plaisamment nommé Lèche-à-tout-plat.
Comme il aimait ses tours pleins de souplesse
Il le comblait de soins et de tendresse ;
Et l’animal, d’un tel accueil flatté,
Le lui rendait en amabilité.
Un jour pourtant un cousin de Guillaume,
Chef, comme lui, d’un important royaume,
Et dès longtemps son meilleur allié,
Manifesta l’envie extravagante
De posséder cette bête charmante.
Lèche-à-tout-plat lui fut expédié.
Huit jours après, le roi son premier maître,
De ses États expulsé par un traître,
Chez son cousin s’étant réfugié,
Lèche-à-tout-plat en le voyant paraître
Ne lui dit mot ; il l’avait oublié !
De ce trait-là que faut-il que l’on pense ?
Messieurs les rois aux flatteurs complaisants,
Le chat s’attache à qui remplit sa panse.
C’est tout à fait comme vos courtisans.
“Le Chat du Roi Guillaume”