Ne cesserez-vous pas, stupides animaux,
Le dos toujours couvert de lange ou de poussière,
D’errer à l’abandon parmi de vils troupeaux ?
Que votre ignorance est grossière !
Ces ânes, ces mulets paraissent vos égaux.
Voyez sur ma selle et ma bride
Éclater à la fois les plus riches métaux ;
Voyez ce cavalier qui fièrement me guide ;
Regardez bien, pauvres badauds.
C’est ainsi qu’un cheval de manège et de race,
Frappant du pied le sol et marchant avec grâce,
Parlait à deux poulains qui, remplis de gaîté,
Trottaient et galopaient en pleine liberté.
Un d’eux lui répondit : Nous l’avouons, mon frère,
Tu nous sembles fournir une belle carrière ;
Pourtant de ton orgueil calme un peu les transports :
Ton mors, quoique doré n’en est pas moins un mors.
“Le Cheval de selle et les deux Poulains”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859