Daniel Allemand
Fabuliste contemporain – Le chien et le serpent
Sur un alpage sec, sablonneux et aride,
Un vieux chien de berger qui n’avait point de bride,
Repéra la vipère à son côté pervers.
La méchante, blessante, aimant à colporter
Nuisant du venin d’Astarté
Prit le canin pour cible à le mettre au calvaire.
« La loyauté de l’homme est bien trop défaillante
J’ai puni ton maître de mes dents foudroyantes
Afin qu’il crève sans son chien ! »
Le gardien fustigé s’enquiert de vérité
Ventre à terre sur le chemin
Hurle à la mort l’iniquité.
Le troupeau laissé seul, elle pique et repique
Va, vient, fait l’empressée injectant son venin
De crochets acérés pour tribut léonin
Sans qu’aucun résistant ne lui donne réplique.
En retrouvant son pastoureau
Sur pieds et sans les maux, le fidèle cabot
Heureux, battant la queue, comprit toute l’affaire
Bien roulé par la meurtrière.
De retour sur les lieux, l’animal de sang-froid
Avait fait ses adieux en délaissant ses proies.
Le berger caressa la tête du blâmable,
Le louant de sa fidélité ineffable ;
Qui agit pour autrui, agit bien pour lui-même.
Car notre vrai trésor et dans le cœur qui aime.
Le cerbère éprouvé d’un regard sur la plaine,
Vit bouger la luzerne et déduisit sans peine
Que l’odieuse et vile péliade
Gîtait là !
Trois sauts, il est sur elle : « Assez de jérémiades ! »
Aboie-t-il. « Vous m’avez-mis à mal. Me voilà
Pour réglez nos comptes, car vous êtes sans cœur,
La langue bien pendue ! » Sans aucun haut-le-cœur,
Elle répondit : « Seuls les niais parlent d’amour
Le poison de mes crocs, que c’est ton dernier jour ! »
Le serpent siffla de colère
Quand le fort poilu l’assigna.
Les deux bêtes à crocs s’affrontèrent,
Le combat fut rapide et le chien le gagna
Avant le premier gong.
Quand le cœur est petit, vraiment la langue est longue.
Daniel Allemand
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