Charles Porphyre Alexandre Desains
Un pauvre Chien abandonné
De son maître et de sa maîtresse, –
Mourant de faim, de froid, plus encor de tristesse,
Gisait près d’une borne, à mourir condamné,
Sans avoir par sa faute encouru sa détresse.
Le malheur rend injuste : il crut que des enfants,
Qui sortaient de l’école, en leur course légère
Insultaient, par des jeux bruyants,
A sa laideur, à sa misère.
Il toucha de ses dents la jambe de l’un d’eux.
Les passants, effrayés, s’apprêtaient à détruire
Ce vilain animal qui semblait dangereux.
Mais l’Écolier mordu n’y voulut pas souscrire ;
Il avait le cœur généreux.
Il voit le repentir de cette pauvre bête,
Qui, tremblante à ses pieds, demande son pardon.
ll l’adopte, l’emmène en sa propre maison,
Où le Chien trouve alors une douce retraite.
L’animal, désormais, respecta tout passant,
Ses yeux pleins de bonté lisaient dans ceux du maître,
Auprès duquel il fut soumis et caressant.
ºu bien qu’on lui faisait toujours reconnaissant,
Mieux que l’homme il valait peut-être,
Et jamais au logis, depuis qu’il fut trouvé,
L’on n’eut un seul regret de l’avoir conservé.
N’en voulons pas au pauvre diable
Qui nous témoigne de l’humeur ;
S’il avait un appui, quelque peu de bonheur,
Sans doute il serait plus aimable.
Eh bien, ce bonheur, cet appui,
Si nous pouvons, donnons-le-lui.
Charles Porphyre Alexandre Desains, (1789- 1862)