Un pauvre vieux terre-neuve
Maigre, efflanqué, galeux,
Fut sur la rive d’un fleuve,
Traîné triste et piteux.
Un jeune enfant le tenait à la corde,
Il avait reçu dix sous.
Il noyait à ce prix les chiens et les matous,
Sans pitié, sans miséricorde.
Aussitôt arrivés, au lien de la pauvre bête,
Il attache un gros pavé.
A la noyer il s’apprête.
Au bord, il pousse l’animal,
Mais il s’y prend si mal,
Que lui-même à la rivière,
Tombe la tête la première.
Le chien s’élance d’un bond
Dans le courant profond :
Sa corde s’est cassée,
Et devant la foule amassée,
Il ramène l’enfant au bord.
Un brave travailleur, un ouvrier du port,
Dit au chien : « Suis-moi, je t’emmène,
Ce que tu viens de faire instruit l’espèce humaine,
Car tu sais, noble chien,
Pour le mal rendre le bien. »
“Le Chien et l’Enfant”