Un homme avait un jeune chien
De difficile humeur, de fâcheux caractère;
Il mordait les passants, il aboyait pour rien,
Etait opiniâtre, et mutin , et colère ;
Prompt surtout à désobéir,
S’il est de garde, il veut sortir ;
S’il doit être à la ville, il veut être à la chasse;
Le dernier au travail, le premier au plaisir,
Il ne pouvait jamais se tenir à sa place.
Le maître voulait l’assommer :
« Car, disait-il, jamais on n’en pourra rien faire. »
» Assommer, dit quelqu’un, c’est être bien sévère,
» Mais il faut au moins l’enfermer.
» Et s’il persiste de la sorte,
» Qu’ailleurs il cherche son soutien ;
» On ne doit rien à qui n’est bon à rien.
» Il faudra le mettre à la porte. »
Un enfant plus qu’un chien doit entendre raison.
S’il en est un d’humeur semblable,
Il doit se sentir plus coupable ;
Qu’il mette à profit la leçon.
“Le Chien indocile”