Un jeune corbeau, dans la vigueur d’âge, volait pardessus les montagnes, pour aller chercher de quoi se nourrir : il rencontra un jour, dans un trou, un vieux corbeau tout pelé et tout goutteux, (effet de son grand âge,) et un faucon charitable qui lui apportait quelque chose à manger ; c’est un fait véritable ; Pilpai le rapporte. Je suis bien fou, dit notre jeune étourdi de corbeau, de me donner tant de peine, et de m’exposer à tant de dangers pour me nourrir ; cependant à peine ai-je de quoi manger : tandis que mon bisaïeul fait bonne chère sans sortir de son trou. Ne bougeons pas d’ici. Il le fit et resta tranquille dans un coin ; il attendait sa subsistance du faucon : il fut trompé. L’appétit vint ; le pourvoyeur ne parut pas : enfin se trouvant faible, après avoir jeûné long-temps, il voulut sortir : sa faiblesse l’en empêcha, et il mourut de faim.
Fiez-vous à la providence ; mais ne la tentez pas.
“Le Corbeau et le Faucon”