Sur les côtes d’Afrique où l’homme est marchandise ,
On dit qu’un jour le peuple révolté
Ne voulut plus vendre sa liberté ;
Et que, pour le succès d’une telle entreprise,
Il se choisit un Député.
Ce ne fut point un comte limonade,
Ni même un duc de marmelade,
Qui mérita les honneurs d’un tel choix,
Et qui, de la Guinée, obtint toutes les voix ;
Ce fut bien pis. Tout ce peuple en démence,
Séduit par le parler, trompé par l’apparence,
Choisit un certain orateur,
Qui tantôt acheté, qui, tantôt acheteur,
Fameux, enfin , par sa longue industrie,
Dans l’ampleur de son ventre avait mis sa patrie.
Qu’arriva-t-il ? L’Africain confondu
Reconnut, mais trop tard, son imprudence extrême.
Pouvait-il n’être pas vendu ?…
Son Député s’était vendu lui-même.
Les peuples policés ne craignent pas ce lot ,
L’éligible est plus franc, l’électeur est moins sot ;
L’Europe, mieux instruite, a plus de politique :
Un député vendu ne se voit qu’en Afrique.
“Le Député des côtes d’Afrique “