Ce n’est pas dans un jour que Paris fut bâti ;
C’est petit à petit que l’oiseau fait son nid ;
Mais on fait à la fin tout ce que l’on veut faire.
» Hé! comment voulez-vous, mon père,
» Que je laboure tout ce champ?
» Disait le fils d’un fermier de Nanterre;
» Pour en venu- à bout, il faudrait plus d’un an. »
Puis perdant tout à fait courage,
Au lieu de se mettre à l’ouvrage,
Sur sa bêche il se reposait.
L’entendant parler de la,sorte,
Le père lui dit : « Il est vrai,
» J’en conviens, la tâche est trop forte ;
» Laboure seulement ce coin ;
» Mais il y faut, mon fils, apporter quelque soin. »
— « Si ce n’est que cela, la chose est bien aisée; »
Repartit le fils ; en effet
Dès le soir l’ouvrage fut fait.
Le lendemain autre tache imposée;
Il s’en acquitte aussi facilement;
Le jour d’après il n’est pas moins ardent ;
Bref, ce champ qui devait lui donner tant de peine
Et de l’ouvrage pour un an,
Fut labouré dans la semaine.
Enfants, qui redoutez un travail trop constant,
Voulez-vous abréger la leçon qui vous lasse?
Que sans y manquer, chaque jour,
Une tâche réglée et s’ordonne et se fasse ;
Ainsi l’ouvrage avance et le temps parait court.
“Le Laboureur et son Fils”