Quand les zéphyrs absents,
An réveil du printemps,
Ne soufflent point encore,
Et qu’on attend les doux présents de Flore.
Un pauvre laboureur, en visitant son champ.
Trouva que sa semence,
Au gré de ses désirs, croissait trop lentement.
Dans sa stupide prévoyance,
Voulant hâter la végétation,
Il se met à l’instant à l’opération;
Et pendant tout un jour se courbe et s’évertue
A tirer les tiges de blé.
(Sans avoir le cerveau troublé,
Fit-on jamais telle bévue?)
Puis, goûtant le repos, il se dit, plein d’espoir:
« Si mon champ me parait plus verdoyant ce soir,
« Que sera-ce demain? Un grand prodige à voir! »
Déception, regrets… La racine arrachée
Le lendemain montra sa feuille desséchée:
Et, prêt à perdre la raison,
Le pauvre abandonna sa précoce moisson.
De la maturité ne hâtez point le terme,
Vous feriez avorter tous vos produits en germe.
“Le Laboureur stupide”