Une fois un jeune agneau
Pauvre orphelin sur la terre,
S’abreuvait dans un ruisseau,
Quand un être sanguinaire
Le loup vint pour y laper.
Il l’aperçoit et s’arrête,
Grondant et branlant la tête ;
L’agneau se met à trembler….» —
” Pourquoi, petit misérable,
” Dit le loup à l’agnelet,
” Bois-tu de ce ruisselet ?….
” —»! Oh ciel ! si je suis coupable,
” Pardonnez….. puissant seigneur,
” J’ignorais cette défense
” Et je jure sur l’honneur.».” —
” C’est assez. Fais-moi silence !
” Garde pour toi ton serment,
” Mais avoue à l’instant môme
” Que tu parlas méchamment
” De moi, le dernier carême ?….
” —” Moi !… seigneur, je n’ai parlé;
” Comment t’aurai-je pu faire,
” Puisque je n’étais pas né….” —
” Brigand i veux-tu bien te taire ?.
” C’étaient tes frères alors ?…” .
—” Hélas ! ils n’ont rien pu dire
” Mes frères, tous deux sont morts
” Avant l’hiver, mon doux sire !….
— ” Si ce n’est eux, c’est quelqu’un
” De ta race médisante.
” Frère ou cousin, c’est tout un.
” L’insulte est par trop criante :
” Je me venge cette fois.
” Le loup saisit sa victime
Qu’il emporte au fond du bois.
Partout le fort prend la dîme.
“Le Loup et l’Agneau par Paul Stevens”
- Paul Stevens, 1830 – 1881