Au roi.
Un lys majestueux, la gloire des vallées,
Après un règne florissant,
Touche enfin à son terme, et les fleurs désolées,
Regrettoient leur roi périssant.
Il voit un jeune lys, tendre espoir de sa tige :
J’ai régné, lui dit-il, mon fils, règne à ton tour.
De ces champs que ma chute afflige
Deviens et la gloire et l’amour :
Rends grâce au soleil qui t’élève,
Comme je le bénis dans le temps qu’il m’abat :
Que sa douce influence achevé
De te donner ta force et ton éclat.
Attire dans ton sein l’abeille diligente,
Et croissant sous le plus beau ciel,
De ta substance bienfaisante
Aide-là chaque jour à composer son miel
Prince, que ces leçons règlent votre carrière,
Reste tant de lys à nos yeux abbattus,
Rassemblez-en la splendeur toute entiere ;
Offrez mille sujets aux enfans de Phébus ;
Croissez de vertus en vertus,
Nous attendons notre matière.
- Antoine Houdar (ou Houdart) de la Motte- 1672 – 1731, Le Lys et son Rejetton.