Certain poignard mauvais drôle,
Vrai Cartouche au meurtre rompu,
Se vit un jour dans son rôle
Par la police interrompu.
Lorsque devant la cour on évoqua la chose,
De son salut le manche ardemment occupé,
Voulut qu’on séparât sa cause
De celle de l’acier, principal inculpé.
Déjà tous les jurés, ne sachant que résoudre,
Penchaient cependant à l’absoudre ;
Lorsque l’acier, tant bien que mal,
Tint ce discours au tribunal :
Messieurs, point de pitié pour ce manche hypocrite !
Infligez-lui la peine qu’il mérite.
Lui qui si lâchement m’abandonne aujourd’hui,
Dans le chemin du crime il m’a toujours conduit.
Sans lui, peut-être encor réduit à l’impuissance,
Je passerais mes jours au sein de l’innocence.
Puisqu’il est, pour le moins, aussi fautif que moi,
Nous devons tous les deux subir la même loi.
“Le Manche et la Lame du Poignard”