Près d’une glace grossissante
Un moucheron passait en bourdonnant;
La glace courbe lui présente
Son portrait mille fois plus grand.
— Ce miroir est fidèle, Dit-il en s’arrêtant ; —
— Voilà ma taille naturelle ,
C’est bien la grandeur de mon aile;
Ma trompe est comparable à celle
D’un majestueux éléphant. —
Le moucheron triomphant
Admire avec complaisance
Sa force et son élégance.
Il se croit le roi des airs,
Veut soumettre l’univers
A sa toute puissance.
Il part. — Quel est, dit-il, cet oiseau si petit? —
Il s’en approche; l’hirondelle,
Le voyant passer tout près d’elle,
Ouvre le bec et l’engloutit.
Ne nous servons jamais d’un miroir qui grossisse;
A nos yeux seuls nous serions grands ;
Et nous pourrions heurter, à notre préjudice,
Contre aussi vains que nous et contre plus puissants.
“Le Moucheron et le Miroir qui grossit”