Du haut d’une fenêtre un mouton regardait
Un loup errant dans la prairie :
Protégé contre sa furie,
Tout à son aise il lui lançait
Mainte imprécation, mainte injure grossière :
« Monstre implacable et sanguinaire!
Aiguise, disait-il, tes formidables dents.
Ose monter jusqu’ici ; je t’attends,
Et je me ris de ta vaine colère. »
« Mon cher , reprit le loup, soyons de bonne foi :
En te montrant ainsi vaillant et téméraire,
Tu sais que je ne puis parvenir jusqu’à toi.
Pour un instant si tu voulais descendre…
A ce défi Robin n’eut garde de se rendre.
J’estime qu’il eut bien raison ,
Et que se tenir à distance
Était un acte de prudence;
Mais il ne fallait pas faire le fanfaron.
“Le Mouton et le Loup”
- Théodore Lorin, 18.. – 18..