Meilleur observateur qu’on ne saurait le croire,
Un vieux Mouton reconnut à la foire
Coupés, dépecés par morceaux,
Quartiers de moutons et d’agneaux.
Il dit en flairant les étaux :
Eh ! vraiment je l’échappe belle :
Je dois à mon patron une grosse chandelle,
Il m’a tiré d’un mauvais pas ;
On ne m’y rattrapera pas.
Lorsque vint la saison nouvelle,
Et qu’on voulut le tondre, à l’aspect des ciseaux,
Notre Mouton enfile la venelle ;
Il prend la clef des champs, courant par monts par vaux.
En vain le berger le rappelle.
Je dois, dit le Mouton, malgré leurs compliments,
Me défier de pareils gens,
Depuis que j’ai vu, tout saignants,
Des quartiers de mouton, appendus sous le porche.
Laissez-vous tondre, on vous écorche.
“Le Mouton observateur”