Déployant son aile soyeuse
Où brillaient l’or et le saphir.
Un papillon suivait sa course aventureuse,
Caressant chaque fleur au gré de son désir.
Caché dans sa grotte profonde,
Un modeste grillon méditait à loisir
Sur les périls dont cette vie abonde :
On eut dit, à le voir, un moine en oraison,
Avec son habit noir et sa figure austère.
Du seuil de sa cellule, il vit le papillon
Poursuivant dans son vol un bonheur éphémère.
« Où court, dît-il, cet insensé?
Parmi ces (aux brillants il a beau se complaire .
La mort le suit à pas pressés. »
L’événement suivit de près la prophétie ;
Le pauvre papillon, hélas! perdit la vie
Sous l’effort imprudent d’un essaim d’écoliers,
Attirés, éblouis par l’éclat de son aile.
Qui, voulant le saisir, le mirent en quartiers.
« Voilà, reprit Termite, à quelle mort cruelle
Nous expose souvent la sotte vanité,
A briller un instant quand sa voix nous appelle.
Pour vivre heureux, restons dans notre obscurité. »
“Le Papillon et le Grillon”