Un fils avoit tué son père.
Ce crime affreux n’ arrive guère
chez les tigres, les ours ; mais l’ homme le commet.
Ce parricide eut l’ art de cacher son forfait,
nul ne le soupçonna : farouche et solitaire,
il fuyoit les humains, il vivoit dans les bois,
espérant échapper aux remords comme aux loix.
Certain jour on le vit détruire à coups de pierre
un malheureux nid de moineaux.
Eh ! Que vous ont fait ces oiseaux ?
Lui demande un passant : pourquoi tant de colère ?
Ce qu’ ils m’ ont fait ? Répond le criminel :
ces oisillons menteurs, que confonde le ciel,
me reprochent d’ avoir assassiné mon père.
Le passant le regarde ; il se trouble, il pâlit,
sur son front son crime se lit :
conduit devant le juge, il l’ avoue et l’ expie.
ô des vertus dernière amie,
toi qu’ on voudroit en vain éviter ou tromper,
conscience terrible, on ne peut t’ échapper !
“Le parricide”