U n Pinson, tendrement aimé
Pour la douceur de son ramage,
Songeait à s’évader de la petite cage,
Où depuis plus d’un an il était enfermé.
Un jour son maître, étant charmé
De l’ouïr fredonner avec tant de justesse,
Le tire de prison, le baise, le caresse,
Et le fait percher sur son doigt.
Mais, loin que son ingrat réponde à sa tendresse,
Il part, sans lui rien dire, et vole vers le toit.
Son maître met tout en pratique
Pour l’obliger à revenir.
Sois assuré qu’à l’avenir
Tu seras mieux chez moi que n’est mon fils unique ;
Je te promets, lui disait-il,
Qu’à la place des grains de mil,
Ta mangeoire sera pleine de cassonade :
Je prétends que la limonade
Soit ton ordinaire boisson.
Mais néant; notre ingrat Pinson
Lui dit, en secouant les ailes:
Toutes_ ces promesses sont belles ;
Jadis elles m’auraient tenté.
Mais maintenant je trouve en elles
Moins de douceur que dans la liberté.
“Le Pinson fugitif”