Paul Vallin
Poète, romancier et fabuliste contemporain – Le premier œuf !
Le temps de préhistoire fut temps de Connaissance ;
Et quand la première fois, une poule pondit un œuf,
Elle fera l’évènement que raconte cette légende !
Se demandant de quoi, s’inquiétant de l’objet
En tournant tout autour et caquetant de honte,
La Poule appela le Coq pour demander raison
De cette incongruité la surprenant si fort
Qui lui était venue par le trou de son cul.
Le Coq, d’un air narquois, lui suggéra alors
Que cette drôle de crotte pourrait bien être un œuf,
Comme celui de ces femmes nichant dans les cavernes
Qui reprisaient avec, les chaussettes de leurs hommes.
L’ennui est qu’en basse-cour, aucune patte de poulet
Ne porte ce genre d’étui pour chausser ses ergots,
Libérant leurs commères de ce raccommodage !
« Ton œuf n’est pas utile à la gente emplumée,
Tu peux donc le ranger là où tu l’as trouvé »
Lui dit insolemment, en cocoricodant,
Le roi du poulailler perché sur le fumier.
Vexée de ce mépris mais femelle ordonnée,
La Poule rangea son œuf tout au fond de son nid,
Puis se nicha dessus pour y cacher sa gêne.
Il n’était pas de bois, aussi la coquille d’œuf
Au bout de trois semaines, se mit à résonner
En réveillant la Poule faisant un rêve d’enfants.
Regardant se briser l’enveloppe de son bien,
Elle vit s’en libérer un poussin qui piaillait,
Réclamant à manger en cherchant des mamelles
Sous les flancs de sa mère, ainsi qu’il est d’usage
Pour tous les nouveaux nés qui réclament la tétée.
Mais en ces temps premiers, on ignorait encore
Que les gallinacés ne sont pas mammifères !
La loi de création du Maître de la Nature
Imposait à leurs becs de picorer la terre,
Au lieu de caresser la poitrine de leurs mères.
Quant à moralité de la fable de cet œuf :
C’est bien sûr que les Poules ne peuvent avoir de seins
Tant que Coqs ont des pattes au lieu d’avoir des mains…
Paul Vallin