Le Renard ayant la queue coupée, analyse de MNS Guillon – 1803.
- Le Renard ayant la queue coupée.
(1) Un vieux Renard. Comme dans la dernière fable du troisième livre, il a dit du Rat :
C’ étoit un vieux routier; il savoit plus d’un tour,
A sa finesse naturelle se joint la longue expérience qu’amènent les années.
(2) Grand croqueur de poulets , grand preneur de lapins, Voila ses exploits : on diroit un général au milieu de ses trophées. Un fabuliste moderne a imité ainsi ce vers :
Un coquin de Renard, grand croqneur de lareaux.
( César de Missy, fab. 20. )
(3) Sentant son Renard d’une lieue. Soit par la terreur qui le devance, soit par son adresse à découvrir au loin le gibier. L’abbé Batteux cite cette description comme un modèle dans la peinture des mœurs ( Princ, de liltér. T. I. pag. 221). Marot, dans sa fameuse épître à François Ier. :
Sentant la hart de cent pas à la ronde.
(4) Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile ? Il n’a pas osé l’appeler par son nom : précaution oratoire par laquelle il commence par avilir ce qu’il veut supprimer. La Fontaine avoit sous les yeux la fable latine qui dit :
Quid enim . . . cauda tantae longitudinis Prodest? Quò tantum pondus per terram trahis?
(5) Et qui va balayant tous les sentiers fangeux. L’art de la poésie consiste non-seulement à peindre par les sons, mais à répandre de la noblesse et de la pompe sur les objets mêmes qui en paroissent le plus éloignés. Ce double mérite réuni dans ce vers, en fait un des plus beaux de ce recueil. Et qui va balayant. Substituez : qui balaye, la magie a disparu. Va balayant ex prime d’ailleurs une fonction basse. Tous les sentiers fangeux.
La cadence lente et paresseuse de ce vers se fait reconnoitre sur-tout à la déclamation: vous ne le lisez pas, vous le chantez.
(6) Mais tournez-vous, de grâce. Molière n’auroit pas dit la chose d’une manière plus comique.
J. B. Rousseau fait allusion à cette fable, dans ces vers qui commencent la 3è. Epig. du L. II :
Léger de queue, et de ruses chargé,
Maître Renard se proposoit pour règle