Petits poulets, venez à moi !
Criait d’une voix famélique
Un vieux renard paralytique ;
Fiez-vous à ma bonne foi ;
Lorsque sur mon cœur je vous presse
Mon cœur déborde de tendresse ;
Petits poulets, venez à moi.
Je vous aime, je vous préfère
A tous les trésors de la terre ;
Aimer les poulets, c’est ma loi.
Je vous donnerai la science,
Le bonheur et l’indépendance ;
Petits poulets, venez à moi ! »
Les poulets accouraient en foule.
— Arrêtez, dit la mère poule ;
Il vous aime pour vous manger ;
Enfants, gardez-vous de bouger !
La bande alors tremble et recule.
— Cette frayeur est ridicule
Comment donc? s’écrie un poulet,
Chacun a l’air de ce qu’il est !
Moi, l’on ne me fera point croire
Qu’un animal aux yeux si doux,
Au parler si tendre pour nous
Puisse avoir une âme aussi noire ;
Donc, vers lui je porte mes pas.
Il partit, mais ne revint pas.
Que de renards, menteurs infâmes,
Tendent des pièges à nos âmes ?
Renards nos folles passions ;
Renard le démon hypocrite
Qui vient, dans nos tentations,
Nous flatter pour nous perdre ensuite.
“Le Renard et les Poulets”