Donnons peu de créance aux promesses légères.
Petit Jean s’en alla voir les pays lointains,
Curieux qu’il était des rives étrangères ;
Mais il mit trop de temps à courir les chemins :
Car, vagabond par caractère,
— On m’attend, disait-il, et ne se pressait guère.
Un jour pourtant, de parti pris,
Il s’en revint à son village,
Rêvant bonheur et mariage ;
Mais petit Jean fut bien surpris !
Son ami le plus cher lui fit mauvais visage ;
Car le retour de Jean l’avait rendu jaloux,
Lui qui, depuis six mois, était l’heureux époux
D’une fiancée inconstante.
— Ah ! Dit le voyageur, malheur à qui s’absente !
Le cœur brisé par de si rudes coups,
Sans prévoir où le sort peut porter ma misère,
Sachons ce qu’il me faut déplorer aujourd’hui ;
Et, d’un pas frémissant, il fut à la chaumière
Où son premier jour avait lui.
Il y trouva sa vieille mère,
Filant encor son lin pour lui.
— Je te revois enfin, dit-elle,
Viens te consoler dans mes bras
Du mal que te font des ingrats ;
Cœur de mère est toujours fidèle,
Lui seul, mon fils, ne change pas.
“Le retour”